Chili 1973, l’autre 11 septembre
Notre sélection de ressources

Du 5 septembre au 3 octobre, la Bpi vous propose une sélection de ressources documentaires et romanesques sur le Chili au temps de l’Unité populaire et du président Salvador Allende, brutalement renversé il y a tout juste 50 ans par un coup d’Etat militaire.

© Bpi

Le 11 septembre 1973, au Chili, un coup d’Etat militaire, mené par le général Augusto Pinochet, mettait un terme à un gouvernement de coalition des gauches, l’Unité populaire. Le président Salvador Allende, figure emblématique d’une troisième voie possible, celle de l’instauration du socialisme dans la démocratie, se suicidait au palais de la Moneda après un discours bouleversant, retransmis sur Radio Magallanes, dans lequel il invitait son peuple à lutter contre la tyrannie à venir.

Ce « golpe » sidérant, paroxysme de la Guerre froide, bouleverse les équilibres internationaux. Porté par une faction séditieuse de l’armée chilienne, il est aussi le fruit de l’interventionnisme récurrent de Washington dans la vie politique des Etats latino-américains. Richard Nixon, pris au dépourvu par la victoire de l’Unité populaire en septembre 1970, menait depuis trois ans une politique de déstabilisation institutionnelle et de chaos économique au Chili. Son administration soutint activement le putsch.

Ce 11 septembre chilien inaugure un régime de terreur, de par l’ampleur de la répression dans les semaines qui suivent la mort d’Allende, les exécutions sommaires, l’état de siège permanent, le rôle central de la police politique, la traque systémique, dans le cadre du plan Condor, des sympathisants marxistes et des opposants aux dictatures en place en Amérique latine, ou encore l’instauration d’une violente politique économique néo-libérale inspirée des préceptes de l’Ecole de Chicago.

Augusto Pinochet met également sous cloche les acquis sociaux et institutionnels déployés sous la présidence Allende. Objets d’une véritable passion pour les gauches du monde entier, les « 1000 jours » de l’Unité populaire sont une parenthèse exaltante, où les espoirs d’une « Révolution pacifique et légaliste » se précisent jour après jour. Salvador Allende, à la tête d’une coalition de partis de gauche, respecte les libertés démocratiques et l’opposition parlementaire. Soucieux de mener à bien des réformes sociales, il fait voter des mesures qui lui sont chères : un demi-litre de lait donné chaque jour à tous les enfants nécessiteux, déjeuner gratuit aux élèves des écoles primaires, construction de logements ouvriers, grands travaux destinés à fournir du travail aux 300 000 chômeurs que compte le pays, poursuite de la réforme agraire engagée sous le gouvernement précédent, démocrate-chrétien (expropriation des grands domaines pour les redistribuer à des paysans regroupés en coopératives), hausse des bas salaires, ambitieux programme de santé publique, nationalisation des mines de cuivre et des ressources naturelles, jusque-là aux mains de monopoles étrangers, développement des relations diplomatiques avec les pays du bloc de l’Est.

Cette transformation profonde du pays est scrutée de toutes parts et embrase les sensibilités politiques du monde entier.

Le 11 septembre 1973 met fin à une expérience politique unique, devenu un moment mythique de l’histoire contemporaine.

Les ressources et les documents présentés ici, documentaires ou romanesques, portent un regard sur ces « 1000 jours » emblématiques et sur la brutale dictature militaire qui figea ensuite le Chili pendant 17 ans.

Retrouvez la sélection de nos bibliothécaires jusqu’au 3 octobre face à la cafétéria au niveau 2 de la Bpi, ou bien retrouvez la bibliographie complète en ligne !

Publié le 13/09/2023 - CC BY-SA 4.0